- Le rapport Bianco et la construction en bois massif
- Les auteurs de cette lettre ouverte
- Le bois de pays et son utilisation dans la construction
en bois en France
- Bois de pays et bois du Nord : la contradiction du
développement de la construction bois - - Les atouts de la construction
en bois brut en France
- La construction de fustes en bois brut : les atouts
d'une technique artisanale rénovée - Les fustes : des constructions
archaïques et étrangères à notre pays ?
- Les freins à la construction en bois massif
en France
- Nos suggestions et propositions
Le Rapport Bianco et la construction en bois massif
C'est à la suite de la lecture du rapport de Jean-Louis Bianco au premier ministre "La forêt une chance pour la France" , et en particulier du chapitre "Le plan matériau-bois" , que nous adressons à son auteur ainsi qu'à l'équipe du Ministère de l'Agriculture chargée de préparer le projet de loi d'orientation forestière, un certain nombre de réflexions et de suggestions sur l'utilisation du bois de pays dans la construction en bois massif.
Le Rapport Bianco met l'accent sur le développement
possible de la construction en bois en France. Il suggère de monter
des programmes spécifiques d'information sur la maison individuelle
(maison à ossature bois et maison à base de bois empilé)
et il souligne que l'offre est insuffisante, avec environ 100 à
150 constructeurs bois spécialisés. L'objectif devrait
être de doubler le marché du bois dans la maison dans
les 5 à 10 ans. La "cible" représente 15 000 petites et moyennnes
entreprises dispersées dans toute la France.
J.L.Bianco indique dans ses toutes premières recommandations
que le secteur forêt-bois "... est un formidable gisement d'emplois
à exploiter...Il est possible de créer 100 000 emplois supplémentaires,
au prix d'un effort tout à fait réalisable".
Lors d'un récent séminaire à Bordeaux
(cf Le Bois National du 9/10/99), "Opérations forestières
de demain" , le représentant du Ministère de l'Agriculture
a indiqué que la future loi forestière serait en principe
soumise au Parlement au printemps prochain et serait complétée
par un plan d'actions à long terme "pour définir les voies
et moyens propres à relancer la politique forestière"
. Après avoir souligné l'écart préoccupant
entre l'accroissement biologique de la forêt (80 à 85 Millions
de m3) et l'ensemble de la récolte (50 à 55 Millions de m3)
(Le Bois National , 4/9/99), les organisations professionnelles
et les organismes de promotion, de recherche ou de formation, consultés
par le Ministère de l'Equipement, ont élaboré un ensemble
de propositions destinées à définir un accord cadre
national "Bois construction environnement" . Des réunions
interministérielles sont prévues dans ce cadre.
Les auteurs de cette lettre ouverte
L'association "Bois sacré - Techniques et civilisations du bois" a tout particulièrement pour but de diffuser et de faire connaître les techniques de construction en bois brut et d'inciter à l'utilisation de bois de pays.
Elle est animée par Thierry et Marie-France Houdart qui, en créant en 1980 l'entreprise artisanale "Les Bois de la Combe Noire" , installée à Lamazière-Basse en Haute-Corrèze, ont marqué le point de départ du renouveau et du développement actuel de la construction en rondins bruts en France ; depuis 20 ans ils construisent de nombreuses maisons de bois brut, des maisons faites de fûts entiers, des "fustes", dans toute la France.
L'Association "Bois Sacré TCB" , qu'ils
ont lancée pour répondre au développement de ce marché,
est ainsi à l'origine de la naissance de plusieurs petites entreprises
artisanales indépendantes de construction de fustes.
Le bois de pays et son utilisation dans la construction
en bois en France - Bois de pays et bois du Nord - La contradiction du
développement de la construction-bois
Il est fort aisé de constater que le bois résineux français souffre d'une mauvaise image auprès des architectes et des utilisateurs de bois dans la construction, et que malgré l'abondance de la ressource résineuse en France, on continue à importer de grandes quantités de bois du Nord (épicéa et pin sylvestre) dans le secteur de la construction, alors que ces essences existent en abondance dans notre pays.
Sans doute le bois reprend-il des parts de marché,
comme le fait remarquer le CNDB : entre 1995 et 1998, la hausse de consommation
apparente de bois résineux en France a été de plus
de 10% (9,2 millions de m3 contre 8,1 millions de m3). Dans le même
temps, les augmentations d'importations sont compensées par une
augmentation équivalente des exportations, ce qui signifie en clair
que le bois de pays n'a certainement pas accru sa place sur le marché
français (source Bois National du 4/9/99).
Chaque année, c'est près de 1m3 sur 3,
utilisés pour les besoins du secteur de la menuiserie du bâtiment,
qui sont importés (source : J.C. Sève, Carrefour international
du Bois 1998 ).
Les arguments en faveur des bois du Nord, développés par les industriels, sont bien connus : une qualité qui s'explique à la fois par le climat (des bois "serrés" à cernes ou accroissements annuels fins, donc de meilleure résistance mécanique), par l'homogénéité de la ressource forestière et par les techniques de transformation et de conditionnement des sciages..., à un prix qui, de plus, se situe à un niveau très comparable à celui des bois français, malgré le coût de transport.
Cette situation est-elle inéluctable et condamne-t-elle le bois résineux français à des utilisations peu nobles comme la palette, la caisserie ou la papeterie ?
Reprenons chacun des 3 avantages des bois du Nord :
- Des bois à cernes fins .
Le climat n'explique pas tout et la forêt française
est capable de produire, - et pas seulement en altitude-, des bois à
cernes fins en pratiquant une meilleure sélection génétique
des essences et une sylviculture adaptée. Le débat sur la
sylviculture des résineux de l'avenir est largement ouvert : faut-il
produire du bois dense à cernes fins ou du bois tendre à
cernes épais (voir l'étude "Modélisation de la
chaîne de production de bois" , INRA-ENSTIB-colloque Arbolor
1996).
Dans l'immédiat, contentons-nous d'utiliser le bois résineux français tel qu'il se présente, c'est-à-dire avec des cernes plus épais que les bois du Nord : les seuls avantages techniques de ces bois à cernes épais (contenant une forte proportion de bois initial, peu dense, par rapport au bois final, très dense) sont : un retrait légèrement inférieur aux bois à cernes fins et un coefficient d'isolation et de masse thermique supérieur . Un bois à cernes épais trouvera bien sa place dans un mur en bois massif empilé où l'on demande davantage au bois de jouer un rôle d'isolant et d'avoir un faible retrait (pour limiter le phénomène de tassement des murs) que d'offrir une résistance mécanique élevée.
- Des bois de qualité homogène
Oui, la forêt résineuse française
est très variée, ce qui la rend souvent difficile à
utiliser de façon industrielle. La plupart des études de
résistance mécanique des bois montrent une extrême
variabilité à l'intérieur même d'un peuplement
et même d'un arbre (les études du CTBA sur ce sujet sont convaincantes.....).
De ce fait, des techniques artisanales de construction s'avèrent
beaucoup plus aptes à tirer le meilleur parti de l'hétérogénéité
des peuplements résineux.
- Le conditionnement des sciages
Là encore le débat est ouvert, les reproches
qui sont souvent émis sur la mauvaise qualité du conditionnement
des sciages français étant plutôt imputables à
la structure même des entreprises de sciage ou à la qualité
des bois à scier. Laissons de côté ce débat
pour nous poser plutôt la question : le passage par le sciage est-il
vraiment obligatoire pour bien valoriser nos bois résineux dans
la construction? La technique des fustes ajustées apporte une réponse
à cette question.
La construction de fustes en bois brut : une technique artisanale rénovée
De toutes les techniques de construction en bois, celle
des fustes qui utilise le tronc ou fût sous sa forme naturelle, est
la seule qui évite le passage obligé par le sciage, et donc
les risques inévitables de déformation inhérent aux
pièces de bois équarries. En effet, en sciant une grume de
forme tronconique, on libère inévitablement des contraintes,
et on vient parfois trancher le fil, surtout lorsqu'il s'agit de scier
des bois mal conformés, coniques ou branchus.
Le bois utilisé sous sa forme naturelle évite
ces problèmes.
On comprend bien dés lors que la construction
de fustes est particulièrement bien adaptée à des
bois de qualité variée tels que la forêt résineuse
française peut en produire. Dans ce type de construction chaque
bois conserve en effet sa forme, ses courbures et sa décroissance
; il vient seulement s'ajuster sur le bois précédent
en épousant sa forme et ses courbures. Une simple gorge, portant
uniquement par ses arêtes, sera découpée sur la partie
inférieure de chaque fût. Ainsi sera formé un mur de
bois d'une bonne étanchéité, qui ne demandera aucunement
d'être doublé : le bois restera apparent à l'intérieur
comme à l'extérieur. Par leur forte section (bois de 30 cm
de diamètre environ), les fûts apportent aux murs de la maison
toute leur solidité et un haut pouvoir d' isolation et de masse
thermique.
On peut donc parfaitement construire une fuste avec des
bois de "caractère" qui n'auraient trouvé aucun débouché
dans la construction en bois industrielle, qui elle demande des bois de
qualité constante.
Les atouts de la construction de fustes en bois brut
- une forte demande du public
Le développement de la maison en bois en France,
loin de se limiter au domaine de l'ossature bois, touche en premier lieu
les constructions en bois massif qui connaissent un fort engouement de
la part d'un public toujours plus soucieux d'habitat sain et qui reste
à la recherche d'un art de vivre...dans le bois.
- une technique qui se modernise
A côté des techniques semi-industrielles
de constructions en madriers, celle qui concerne la construction en rondins
bruts, ou fustes, fait un retour très remarqué. La diffusion
et le développement de la technique d'ajustage "bois-sur-bois" des
fûts, que permet le compas-traceur à deux niveaux, lui apporte
un nouvel élan, tant en France que chez nos voisins d'Europe, et
en général dans tous les pays riches en bois résineux
d'Amérique et d'Asie.
- une forêt abondante et adaptée
En France, l'effort de plus d'un siècle de reboisement
porte ses fruits. Le bois est redevenu abondant et l'accroissement biologique
annuel de la forêt française, notamment résineuse,
permet et même oblige à envisager un réel développement
de la construction en bois dans ce pays, si l'on veut éviter les
risques sanitaires créés par une forêt sous-exploitée
et vieillissante. Le "Rapport Bianco" met par ailleurs en exergue, et à
juste titre, la chance que représente la forêt pour le développement
économique national, car elle permettrait à très brève
échéance de créer un nombre important d'entreprises
et d'emplois dans le secteur de la construction en bois.
- une technique qui répond aux problèmes
de sauvegarde de l'environnement
Plusieurs études nord-américaines (cf :
"The energy economics and thermal performance of loghouses" , par
D.Muir et P.Osborne) montrent que les constructions en bois brut ajustées
sont, de tous les types de construction, les plus économiques
en énergie , si l'on considère leur bilan énergétique
global (tant pour construire la maison que pour la chauffer).
On lira avec intérêt le dossier "The
Energy Performance of Log Homes" du Log home coucil, USA, où
les normes thermiques tiennent compte de l'effet de masse thermique depuis
les années 1980! (Un exemple à méditer par ceux qui
sont chargés des normes de Réglementation Thermique RT.)
(lire également dans l'Art de la Fuste cahier 3 p. 66 à
74 et cahier 1 p.69 à 76 ) (autres liens
sur l'effet de masse thermique)
Par ailleurs, et c'est là pour l'avenir un élément
fondamental, face aux préoccupations concernant l'effet de serre
et l'excès de production de gaz carbonique, la maison en bois brut,
la fuste, permet, de toutes les types de construction en bois, le plus
important stockage de carbone , car les bois, qui n'ont pas subi d'importantes
pertes au sciage et au rabotage, conservent toute leur masse.
- Maisons en bois
massif ou empilés ,bois
rond, fustes, rondins, bois brut, ?
- A propos de la charte Bois-Construction-Environnement
- C'est le bois de pays qui "est essentiel! (conférence de T. et MF Houdart)
- Limousin : réflexion sur
la filière-bois.
Construire en bois brut et matériaux naturels